jeudi 16 avril 2009

Smith




Patti Smith, née Patricia Lee Smith le 30 décembre 1946 à Chicago, dans Illinois, aux États-Unis, est une musicienne et chanteuse de rock, poète, peintre et photographe américaine. Mariant la poésie Beat avec le garage rock des années 1960 et 1970, elle a été considérée comme la « marraine » du mouvement punk de la fin des années 1970.

mercredi 15 avril 2009

Quatre mains.


"Je te retrouve à tous les coins de mon souvenir. Tu n'as pas besoin d'avoir de mémoire, j'en ai pour toi: je suis la bibliothécaire, la trésorière de notre enfance. Et tu me crois sur parole, n'est-ce pas, quand je te raconte ce que tu as été?"
Janvier 1962 Flora

Picoté par les blés.

Quand deviens-t-on une femme? Quand aurais-je dû franchir le cap? Quand cesserais-je d'attendre? J'ai les yeux brûlant des vieilles larmes. Je regarde quelque part dans l'espace limité de ma chambre et je suis loin, bien loin. Je voudrais bien rajouter "comme avec une femme" mais ce n'est pas vrai. Non, je pense à un jour sans nom, proche, je me demande ce que je vais faire et comment. Ce que je vais dire, le personnage que je vais choisir. Je voudrais bien rentrer dans ta tête pour comprendre. Que t'imagines-tu? A quoi penses-tu? Pour qui me prends-tu?
J'ai tes mots en couteau dans le ventre.




Sensation
Arthur RIMBAUD

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, - heureux comme avec une femme.

mardi 7 avril 2009

Le chêne et le roseau - Anouilh

Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable ;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop,
Le pli de l'humaine nature ? »
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver, d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »

Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé -
Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ? »
On sentait dans sa voix sa haine
Satisfaite. Son morne regard allumé.
Le géant, qui souffrait, blessé,
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau ;
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : « Je suis encore un chêne. »

Jean Anouilh
© Les Editions de la Table Ronde, 1962.